Le critère « carbone » est aujourd’hui un enjeu majeur de la performance environnementale du bâtiment. En effet, la diminution de l’impact carbone des bâtiments est l’un des grands objectifs de la RE2020 (Réglementation Environnementale 2020), qui s’appliquera aux constructions neuves à partir de janvier 2022. Le secteur du bâtiment est l’un des secteurs émettant le plus de GES (gaz à effet de serre), ces émissions de carbone sont réparties sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment : au cours de sa construction, de son exploitation et de sa fin de vie. Les chiffres avancés sur l’empreinte carbone du bâtiment omettent le plus souvent les émissions de GES générées lors de la phase construction. Selon l’Ademe, en prenant en compte ces émissions sur site et hors site, la production de GES pour le secteur du bâtiment dépasse les 25% du total des émissions nationales tous secteurs confondus.
Avec 50% des émissions de GES du bâtiment provenant de la phase construction, le secteur de l’immobilier et du bâtiment doivent entreprendre un changement dans leur méthode de construction. Lors de la phase de construction, certaines émissions de GES proviennent de processus indirects : c’est ce qu’on appelle l’énergie grise de la construction. Ces énergies grises liées aux matériaux utilisés, aux déchets, au transport, ou encore à la conduite du chantier, doivent être prises en compte et réduites.
Cela implique un changement de paradigme qui tend à vouloir faire du secteur du bâtiment un stock de carbone, d’où la notion de « puits », plutôt qu’un émetteur.
Les matériaux biosourcés : une solution pour décarboner la construction ?
Les matériaux biosourcés sont de plus en plus présents dans les textes relatifs à la transition énergétique et les enjeux climatiques pour l’immobilier. Les matériaux biosourcés sont des matériaux issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale. La nature de ces matériaux est variée (bois, chanvre, paille, ouate de cellulose, laines animales, etc.) autant que leurs applications dans le domaine du bâtiment. A l’heure actuelle, les matériaux biosourcés sont utilisés principalement comme isolants, mortiers et bétons, mais aussi comme peintures, vernis, pigments et colles. Lorsqu’ils sont issus de filières locales et peu transformés, ces matériaux biosourcés présentent une faible empreinte environnementale liée au transport et au processus industriel.
Au cours de leur croissance, les matières biosourcées d’origine végétale sont capables de capter le CO2 présent dans l’atmosphère via le processus de photosynthèse. Du fait de ce prélèvement, les végétaux contribuent à la diminution de la concentration de GES dans l’atmosphère et donc à limiter le phénomène de réchauffement climatique. Lorsqu’un écosystème capte davantage de CO2 qu’il n’en émet dans l’atmosphère, on dit que c’est un puits de carbone.
Un produit de construction aura une durée de vie comprise entre 25 et 50 ans, les réémissions de CO2 dues à la décomposition des matières végétales du produit biosourcé vont donc être retardées par rapport au cycle naturel, plus court, de la biomasse dans des usages agricoles. Ainsi, le phénomène de puit de carbone est optimisé. L’usage des matériaux biosourcés pour la construction pourrait compenser, en partie, les émissions des autres matériaux à l’échelle d’un bâtiment, et générer des puits de carbone. Toutefois, le rôle des matériaux biosourcés dans l’atténuation de l’empreinte carbone des bâtiments n’est réel que si le gisement de matière biosourcée est géré durablement ou issu de résidus agricoles. L’entretien des réservoirs carbone, comme les forêts où l’on replante les arbres après une coupe ou comme les cultures annuelles, est nécessaire.
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